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son crocodile poulpo-krako-kraque.
« Tu as perdu ta bouteille& vieux !& dit-il en lui frappant
sur l épaule.
 Je l ai gagnée, répliqua maître Cabidoulin, mais ni toi ni
moi ne serons là pour la boire&
 Quoi !& tu prétends que ton monstre&
 Est toujours là& et, en regardant bien, on distingue tan-
tôt sa queue& tantôt sa tête !&
 Tout ça& des imaginations de ta sacrée caboche !&
 Et il nous tient dans ses pinces& et il ne nous lâchera
pas& et je sais bien où il nous mène&
 Il nous mène là d où nous reviendrons, vieux !& riposta
maître Ollive. Et, après bouteille de tafia, bouteille de rhum que
nous nous en tirerons sains et saufs !& »
Jean-Marie Cabidoulin haussa les épaules, et jamais il
n avait jeté un plus méprisant regard sur son camarade ! Penché
au-dessus de la lisse, c est qu il croyait réellement voir la tête du
monstre, une sorte de tête de cheval à bec énorme, sortant d une
épaisse crinière, puis, à quelques centaines de pieds, sa queue
monstrueuse battant avec fureur les eaux dénivelées sur une
large étendue !& Et, pour tout dire, novices et matelots voyaient
tout cela par les yeux de l entêté tonnelier.
Cependant, si aucune terre ne se relevait au nord, des gla-
ces flottantes se déplaçaient alors sur un vaste espace. Aucun
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doute, le Saint-Enoch traversait les parages polaires au delà du
détroit. De combien de degrés au-dessus du soixante-dixième
parallèle, cela n aurait pu être établi que par une observation
impossible à cette heure avancée du jour.
Au surplus, moins de dix minutes après, le matelot Gasti-
net, qui venait de se hisser à la hune de misaine, criait d une
voix retentissante :
« Banquise par bâbord devant ! »
Un ice-field apparaissait à la distance de trois milles vers le
nord. Plat comme un miroir, il réverbérait les derniers rayons
du soleil. Au fond, les premiers blocs de la banquise, dont la
crête se profilait à une centaine de toises au-dessus du niveau de
la mer. Sur l ice-field, tout un monde d oiseaux, mouettes, guil-
lemots, manchots frégates, tandis que les phoques, par couples
nombreux, rampaient sur ses bords.
La banquise pouvait être éloignée de trois à quatre milles,
et le vent, qui fraîchissait, y portait directement. La mer était
assurément plus houleuse que ne le comportait la brise, ce qui
tenait à ce que l énorme lame courait encore au milieu des gla-
çons entrechoqués. Et, sans doute, elle viendrait se tuer contre
l inébranlable barrière arctique.
Aussi de lourds paquets de mer tombaient-ils sur le pont
du Saint-Enoch dont les pavois furent défoncés par le travers du
mât de misaine. À un moment, le navire donna une telle bande
que l eau l envahit jusqu à la dunette. Si les panneaux de la cale
n eussent résisté, il aurait coulé à pic.
À mesure que tombait le jour, la tourmente s accentuait et
se déchaînait en effroyables rafales mélangées de neige.
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Enfin, vers sept heures du soir, le Saint-Enoch, une der-
nière fois soulevé, fut précipité sur l ice-field, le traversa en glis-
sant à sa surface et vint buter contre les blocs de la banquise.
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Chapitre XV
Dénouement
En quelle partie de la mer arctique le Saint-Enoch avait-il
été entraîné depuis le moment où il s était détaché de l écueil,
c est-à-dire depuis vingt-quatre heures environ ?&
À la levée du brouillard, M. Bourcart avait observé que son
navire se dirigeait vers le nord-nord-ouest. S il ne s était point
écarté de cette direction à la sortie du détroit de Behring, ses
compagnons et lui pourraient peut-être rallier la terre ferme en
se portant vers le littoral de la Sibérie ou les îles avoisinantes. Le
rapatriement s effectuerait alors moins péniblement qu à tra-
vers les interminables espaces de l Alaska américaine.
La nuit était arrivée,  une nuit obscure et glaciale, avec un
froid de dix degrés centigrades au-dessous de zéro.
La collision avait été assez violente pour que les bas mâts
du navire se fussent rompus en même temps que se défonçait sa
coque.
Ce fut un miracle si personne ne fut grièvement blessé 
quelques contusions seulement. Les hommes, projetés contre
les bastingages purent prendre pied sur le champ de glace, où
M. Bourcart et les officiers les rejoignirent aussitôt.
Il n y avait plus qu à attendre le jour. Toutefois, au lieu de
rester au plein air pendant de longues heures, mieux valait re-
monter à bord. Aussi le capitaine en donna-t-il l ordre. S il
n était possible de faire du feu ni dans le carré ni dans le poste
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presque entièrement démolis, du moins l équipage y trouverait
abri contre les rafales de neige qui se déchaînaient avec fureur. [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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